lundi 15 février 2010

Le regard et l'amour comme processus de vie

Par Laurence Gossart

Regard et amour, regard d’amour, coup de foudre, désillusion ou réalité…. le regard est le lieu de toutes les perceptions et de tous les enchantements, il est l’espace réel ou figuré de la transformation, de l’élaboration, de la création qui mue le phénomène du vivant en vie épanouie. En quoi et comment le regard amoureux, le regard désirant est-il source de renaissance ? L’amour est-il une manifestation de la vie ? Oui. Le regard dont il est question ici ne relève pas de la simple vue. Ce regard est un regard qui éveille qui amène à la conscience : être éveillé, être conscient c’est être inscrit dans un processus de conscientisation qui se développe dans le tourbillon de la vie. C’est un regard qui donne vie ; non une vie biologique, mais une vie spirituelle, une vie de l’âme. « Parmi les corps naturels, écrit Aristote, les uns ont la vie, les autres ne l’ont pas ; la vie telle que je l’entends consiste à se nourrir soi-même, à croître et à dépérir. [1]» Ce premier état de fait, définit par Aristote, sera la condition, ou plutôt le lieu, du développement de l’âme : l’être en vie, c'est-à-dire l’être animé. Mais la vie ne s’arrête pas à ce stade car, « ce n’est pas le corps séparé de l’âme qui est en puissance de vivre, mais celui qui la possède […][2]». L’âme serait donc l’entéléchie, cette énergie agissante qui permet, d’après Aristote, d’actualiser la vie contenue virtuellement dans le corps vivant. C’est à partir de cette actualisation, de cette mise en acte d’une puissance de vivre que nous réfléchirons ici.
Le regard est l’un des chemins de la mutation du vivant vers la vie. Il est une de ses forces d’actualisation. Jean Starobinski dit qu’il « constitue le lien vivant entre la personne et le monde, entre le moi et les autres […]. [3]» Regarder quelque chose c’est lui consacrer du temps, de la valeur, lui donner une vie, une existence. De même être regardé, c’est aussi accepter d’exister dans le regard de l’autre et ainsi de laisser voir, percevoir, interpréter, aimer ou encore désapprouver des pans de soi. L’œil est le vecteur de ce regard, il en est la manifestation organique et vivante. Si l’on dit bien regarder, voir, ou observer, on ne dit pas « oeiller ». L’œil reste donc un objet, un moyen et non une action qui mobilise quelque chose d’antérieur, ce que Lacan nomme la « pousse du voyant [4]». Etrange formule qui pousse à vérifier les acceptions des deux termes qui la composent. Être voyant, voir, c’est au sens premier avoir la capacité à percevoir des images, des objets par le sens de la vue. C’est aussi une personne douée d’une seconde vue, d’une vision plus acérée. Le peintre et le poète sont à plusieurs égards des voyants. Mais être voyant, ici, c’est avoir la capacité à traverser les parois invisibles de l’esprit afin de mettre au jour d’autres espaces. Cette « pousse du voyant » n’est-elle pas justement ce processus de mise en germe, de « pousse » au sens de la pousse d’une plante qui promet le développement d’un sujet ? La capacité à voir s’accompagnerait-elle d’une visibilité particulière ? Le regard existe « hors » de l’œil, celui-ci n’en serait que l’outil, le vecteur, l’adjuvant auquel on demande la plus grande justesse. Rebroussons chemin et retrouvons ici encore Aristote : « Si l’œil, dit-il, était un animal complet, la vue en serait l’âme : c’est là en effet la substance de l’œil, substance au sens de la forme. Quant à l’œil il est la matière de la vue, et celle-ci disparaissant il n’est plus un œil mais son homonymie comme un œil de pierre ou dessiné [5]». Le corps sans âme n’a d’autre vie que celle d’une pierre… L’âme, souffle vital, est ce qui anime cet organisme pour le muer en être vivant, le conduire de son animalité, de son animosité, vers l’amour.
Mais comment alors s’opère l’actualisation de l’être en puissance au travers de ces multiples regards ? Jean Starobinski explique que si l’on « interroge l’étymologie, l’on s’aperçoit que pour désigner une vision orientée, la langue française recourt au mot regard, dont la racine ne désigne pas primitivement l’acte de voir, mais plutôt l’attente, le souci, la garde, l’égard, la sauvegarde, affectés de cette insistance qu’exprime le préfixe de redoublement ou de retournement. Regarder est un mouvement qui vise à reprendre sous garde… L’acte du regard ne s’épuise pas sur place : il comporte un élan préservant, une reprise obstinée, comme s’il était animé par l’espoir d’accroître sa découverte ou de reconquérir ce qui est en train de lui échapper[6]. » Cet élan préservant animé d’un désir obstiné d’accroitre sa découverte et de reconquérir ce qui lui échappe n’est-il pas aussi un élan propre à l’amour ? Le regard est ce qui prend garde, qui porte attention. Il n’est pas voir, qui est une perception passive, une réception. Il est une action qui engage celui qui regarde, qui décide et détermine ce regard mais qui cherche aussi à voir au-delà de la limite de la surface de l’épiderme de la face, ce qui anime ce faciès pour le muer en visage. Ainsi, la « pousse du voyant », qualifié de la sorte par Lacan, devient chez Starobinski une action de préservation : « regarder, c’est prendre sous garde… », c’est veiller et, particulièrement, veiller à l’autre. Cette chose qui s’extériorise, cette « pousse du voyant » devient « l’œil vivant [7]». Il devient humain. En effet, regarder l’autre, être éveillé pour veiller sur lui, prendre garde à lui et redoubler d’attention dans la bienveillance, induit la nécessité d’une prise de conscience de cet autre être vivant que l’on regarde. Sa sensibilité, sa fragilité, ses forces et qualités, tout ce qui manifeste sa condition d’être en vie, renvoient aux nôtres telle une mosaïque de miroirs dont les reflets taquinent les perceptions les plus acérées. Regarder avec attention cet être qui partage le même espace, le même temps mais qui, pour l’instant, reste étranger. Prendre garde, faire preuve de vigilance, est aussi un acte d’amour : une actualisation de la force de vivre contenue en puissance dans ce regard.
Dans la lecture qui suit, il s’agira d’articuler les notions suivantes : être voyant, être vivant, être aimant et amants tout ensemble. Ou bien, pour le formuler autrement : vivre et voir, vivre et aimer. Ce sont ces relations qui sont apparues à la lecture de trois poèmes de Baudelaire : « A une Passante », « La Mort des Amants » et « L’Invitation au Voyage », trois textes extraits des Fleurs du Mal. Un triptyque, une triangulation entre vie et amour, vie et regard, regard et amour. Alors, en quoi le regard est-il un acte d’amour et donc un acte de vie ? Voir si on se penche sur un seul ou bien sur les trois ou bien en faisant des référence. Attention au tunnel regard. Repenser articulation complète regard et vie.
Le premier texte donne à voir les perceptions sensibles et poétiques d’un homme, attablé, buvant. Quatre vers consacrés à la description d’une femme inconnue, mystérieuse et marquée d’une douleur profonde, « douleur majestueuse ». Cette femme apparaît dans un brouhaha, un tourbillon de vie et d’alcool. Et là, le regard du poète s’arrête : « Un éclair… puis la nuit ! Fugitive beauté] Dont le regard m’a fait soudainement renaître,] Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? ». L’éclair du voir, la lumière de coup de foudre, la flamme de vie, la lueur de l’amour. Regard et renaissance vont de pair. Fuir et voir, vivre et y croire, car c’est bien cette fureur de l’espérance qui maintient en vie malgré la disparition soudaine de l’autre, de l’être peut-être aimé. Il y a du désir….et, dit Aristote, « le désirable est moteur, et si la pensée à son tour est motrice, c’est parce qu’elle trouve le principe de son propre mouvement dans le désirable. – De même l’imagination, quand elle se meut, ne se meut pas sans désir[8] ». Une pulsion de désir qui se mue en une douce caresse scopique. Un regard qui s’anime d’un coup. Mais alors ? Ces êtres ne se rencontreront « jamais peut-être » dit le poète !? Cette femme devient alors support de création…elle laisse sa beauté et son mystère faire silence autour du poète. Sa noblesse sculpturale fait contrepoids à la rue assourdissante qui encercle Baudelaire. Dans « A une passante » l’éveil de la clarté amoureuse perdure. Cet éveil résiste au temps, il reste en mémoire, dans la mémoire créatrice de Baudelaire, il devient source de création. Les regards génèrent du regard. Le regard de la passante créé du regard chez Baudelaire. Ils se voient mutuellement. Baudelaire la voit mais sait aussi qu’elle l’a vu. D’instinct la relation s’instaure entre les deux êtres. Cette femme endeuillée renaîtra-t-elle suite à cette rencontre fugitive ? Le hasard et le temps sont les seuls à savoir…néanmoins, on peut pressentir du désir de part et d’autres. Un désir qui semble nouer ces deux destinées. Ici, le temps aura son rôle à jouer dans le tourbillon de la vie pour rapprocher les êtres ou pour les éloigner, métamorphoser la lueur en éclat de vérité.
Faisons à présent une hypothèse et une projection dans le temps… semble alors se profiler « L’Invitation au voyage » : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté,] Luxe, calme et volupté. » Dans ce poème vivre et aimer vont de paire. Les descriptions sont si visuelles, si imagées que le lecteur se projette et peut s’inviter (voire, s’inventer) dans cet univers idéal. Fraternité, amour, double, miroir, la recherche de l’autre, ou bien, enfin l’aboutissement d’une longue quête spirituelle. Les mots, les émotions, les images crées par le poète subliment les désirs et les pulsions pour les porter vers un idéal d’amour : amour de la création, amour de l’autre, amour de l’idéal et de sa quête. Mais de la même façon que dans « A une passante », le regard de la femme est l’objet d’une rêverie poétique. Dans son ouvrage Les Fleurs du Mal et le Spleen de Paris, Essai sur le dépassement du réel[9], Emmanuel Adatte montre que les yeux de la femme sont pour Baudelaire un espace métaphorique. Il explique que les yeux de celle-ci suggèrent des ciels hollandais et que ce regard embué de larmes est impossible à fixer. Ainsi la mobilité du regard serait propice au voyage spirituel. « Quelle merveilleuse distance parcourue à partir de simples yeux ! [10]», dira-t-il !
« L’Invitation au Voyage » est une invitation à un idéal de vie, un idéal d’amour qui a pris naissance dans un regard, le regard de la « passante » inconnue. Ce regard comme donnée initiale est l’objet de toutes les projections et de tous les désirs. Il engendre de la création et, « c’est ainsi, dira Emmanuel Adatte, que les yeux du chat, la beauté du visage féminin ou l’apparition furtive d’une passante sont pour Baudelaire prétexte à exorciser la mort[11] ». Un fil rouge initié par le regard de la femme dans « A une Passante » mais mis en œuvre et développé par un poème ultime, poème qui a un rôle de rouage et de maillon entre les eux autres : « La Mort des Amants ». Car, « si [les] passions, explique Starobinski, s’éveillent dans le regard et s’augmentent par l’acte de voir, elles n’y trouvent pas de quoi se satisfaire. Voir ouvre tout l’espace au désir, mais voir ne suffit pas au désir [12]». « La Mort des Amants » pourrait être justement la mise en mots et en images du passage à l’acte. C’est un poème tout à la fois subtil et érotique où chaque geste amoureux est l’objet d’une métaphore : « le divan profond », « les fleurs étranges sur les étagères », les esprits qui sont des « miroirs jumeaux », et, bien entendu, « les lits pleins d’odeurs légères ». Toucher et odorat évoquent le vivant à l’œuvre. Le poète se sent vivre au travers de l’éveil de ses sens. Le regard fut le truchement du développement des sensations et des émotions. Et en effet, tous les sens apparaissent ici, cette fameuse synesthésie des sens que Baudelaire travaille tel un orfèvre dans chacun de ses poèmes. Ici, l’amour et la mort se côtoient pour créer un cycle de renaissance : « Et plus tard un Ange, entrouvrant les portes,] Viendra ranimer, fidèle et joyeux,] Les miroirs ternis et les flammes mortes. » En effet, ne dit-on pas de la jouissance, de l’orgasme qu’elle est une « petite mort », un plaisir ultime et foudroyant ? L’Ange vient ici ranimer la flamme du désir et de l’idéal mêlés ; flamme métaphore de la lumière et de la chaleur qui nous anime, flamme qui ravive ce regard et aboutit à une nuit d’amour pour se métamorphoser en un idéal de vie. En un projet de Vie.
Le regard mue en effet le règne du vivant en singularités de vies. Des vies ainsi devenues conscientes d’exister. Alors, cet état de conscience, d’éveil, serait peut-être l’une des caractéristiques de la vie. Une vie tout autant organique que spirituelle, où l’animal humain, par delà son genre féminin ou masculin, s’envenime d’amour, de vie, de lumière, de clairvoyance. Vivre comme s’il s’agissait d’une action. Art et vie mêlés ensemble en une même unité, voilà le projet que chaque auteur, artiste ou écrivain met en œuvre à chaque moment entre veille et éveil. C’est le regard sur le vivant qui donne naissance à la vie, une vie consciente d’elle-même, de ses forces et limites. Une vie dont la pupille cristalline peut être fauchée à tout instant. Un œil dont la paupière frangée de cils se ferme à demi et protège ainsi l’enfant. Un regard réfléchissant. Un regard qui fait advenir les amants.

[1] Aristote, De l’Âme, Paris, Gallimard, 1989, p. 39.
[2] Ibidem, p. 41.
[3] Jean Starobinski, L’Œil Vivant, Paris, NRF, Gallimard, 1961.
[4] « […] l’œil n’est que la métaphore de quelque chose que j’appellerais la pousse du voyant – quelque chose d’avant son œil. Ce qu’il s’agit de cerner […] c’est la préexistence d’un regard – je ne vois que d’un point, mais dans mon existence je suis regardé de partout. » Jacques Lacan, Le séminaire, Livre XI. (page + édition)
[5] Aristote, Op. cit., p. 41.
[6] Jean Starobinski, L’Œil Vivant, Paris, NRF, Gallimard, 1961, pp. 11-12.
[7] Titre du livre de Jean Starobinski.
[8] Aristote, Op. cit., p. 101.
[9] Emmanuel Addatte, Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris, Essai sur le dépassement du réel, Paris, José Corti, 1986.
[10] Ibidem, p. 133.
[11] Ibidem, p. 162.
[12] Jean Starobinski, op. cit. p. 13.

dimanche 14 février 2010

Les échos de Sicilia

Par Laurence Gossart

jusqu’au 5 mars à la Galerie Chantal Crousel

Sicilia marque un tournant fort dans sa pratique, il ouvre de nouvelles portes. Portes de l’Enfer ou portes du Paradis, des portes de bronze et de marbre, des portes en porte à faux contre les murs de la galerie Crousel, des portes inébranlables que seul l’esprit peut ouvrir. L’installation est composée de quinze éléments qui, bien que plastiquement hétérogènes, concentrent un propos existentiel fort. Entre son propre enfer et les portes d’un paradis rêvé, des constellations de questions se gravent dans le chemin que l’artiste suggère aux spectateurs.
L’installation se compose de quatre temps qui se distinguent par des matériaux différents. Eco est un ensemble de six plaques de bronze de deux mètres de hauteur sur un mètre de largeur. Les corps reflétés ondulent comme des spectres au grès des formes inscrites dans le matériau. La surface est telle celle d’un miroir déformant, accidentée d’écriture, de mots, de phrases…miroirs de notre conscience, ces phrases apparaissent suivant l’orientation lumineuse et les déambulations du spectateur. « Je sais maintenant ce qu’il y a eu en dehors de toi » ; « Tu as vu ce que tu as fait » ; « Comment te croire »… Mordues à l’acide directement dans le bronze, elles semblent pouvoir disparaître et réapparaître, s’effacer et rester gravées. Elles marquent l’ambigüité de la visibilité, apparaissent par fragment, s’inscrivent à la lisière de l’illisibilité et se confondent avec les aspérités que le matériau conserve de sa fonte.
En face, des portes de marbre qui fixent le ciel à mois de l’année différents. Cecilia. Le marbre taillé et poli à la main révèle de petites sphères comme autant de petites étoiles qui composent la constellation. La pensée néo-platonicienne de Sicilia miroite la voie lactée dans cette pierre blanche pailletée de gouttelettes figées dans l’instant. Comme une de ces photographies montrant l’impact d’une goutte de lait…quelque chose de pétrifié.
Nous, spectateurs, sommes devenus scrutateurs. Nous sondons chaque temps de l’œuvre, chaque aspérité, chaque accident, tout en nous laissant aller à la caresse sensuelle que dispensent le bronze et le marbre polis. La noblesse des matériaux traditionnels de la sculpture impose un propos qui pourrait s’évanouir dans l’instant. Entre hauts et bas reliefs, ces portes ne sont pas sans évoquer les plaques mortuaires que nous pouvons trouver dans les basiliques ou cathédrales, à même le sol. Aussi, l’installation conduit à s’interroger sur ce qu’elle pourrait faire mourir en nous…le Narcisse. Echo, dont la petite voix renaît tel des piaillements de volatile, donne son nom à l’ensemble de l’installation. S’agit-il de faire germer en nous l’oiseau délicat, fragile dont il ne reste rien de palpable ? Pris dans un dispositif où les portes se font face dans l’espace imposant du lieu, le spectateur erre entre sa propre image déformée et traversée de sens et l’image d’un ciel de marbre. Il se trouve enserré dans un réseau bouclé à droite comme à gauche par les deux grandes toiles de deux mètres sur deux mètres qui, dans le silence, inscrivent dans une forme octogonale la partition de sonogrammes de chants d’oiseaux. « Le chant d’oiseau, c’est l’instant, seulement l’instant – pas le passé, pas le futur. Cet instant est une plénitude.» José Maria Sicilia. Là encore l’instant est enveloppé par la main de l’artiste et posé sur les perchoirs que sont les lignes des figures géométriques symboliques.
Mais cette pièce possède une vraie porte. Elle mène à un second espace où se trouvent des tapis de fleurs et de peaux, matières sensuelles…mais là encore il s’agit images, gravures qui oscillent entre la somptuosité luxueuse et douce, et la rougeur sanguine des motifs floraux de La Chambre du Fils. Toutes ces portes nous conduisent vers une dernière qui apparait dans un rayon lumineux « Soms un pozo que mira el cielo »…
Sicilia offre ici une Vanité grandeur nature au sein de laquelle les spectateurs sont conduits à repenser leur rapport au monde. Au travers de ces multiples métamorphoses et il invite chacun à construire son propre Paradis, après avoir bien vu son Enfer.

Laurence Gossart