Brancusi, Film, Photographie – Images sans fin
29 juin – 12 septembre 2011
Par Laurence Gossart
Le projet de cette exposition est de montrer un pan particulier de la collection Brancusi du Centre Georges Pompidou. Et c’est une belle réussite. Cette exposition est un petit bijou. On y découvre l’importance de la photographie et du cinéma pour l’artiste et sa façon de s’en emparer. Si l’image comme médium et support de création artistique est majoritairement présente dans cette exposition, il y a aussi une belle place faite aux aspects plus documentaires. On peut voir sur certaines bandes l’artiste dans l’atelier. Brancusi, en filmant ces moments où il est au travail, nous permet de mesurer l’ampleur de la tâche qu’il accomplit, la force déployée, le rapport physique avec la matière qu’il ordonne. La masse à la main, cognant sur un bloc, on éprouve des dizaines d’années après le corps à corps qui se joue entre l’artiste et son œuvre en cours. Il est toujours troublant de constater l’écart entre la brutalité des gestes d’un sculpteur lorsqu’il dégage les formes et la finesse des œuvres qui en résultent.
Le corps dans l’œuvre de Brancusi est l’un des piliers forts. Ainsi, tout un pan de l’exposition est consacré à de superbes images de ses modèles féminins. Une en particulier, Florence Meyer, qui danse, vit, sourit sous l’œil appareillé de Brancusi. Ces images font œuvres. Brancusi ne s’y trompe pas, il observe avec finesse la somptueuse beauté et la grâce des mouvements de cette jeune femme. Elle évolue sur un socle de marbre, sculpture vivante, au milieu des autres sculptures de l’artiste. Brancusi possédait un exemplaire de L’Evolution créatrice de Henri Bergson sur lequel – nous précise-t-on sur l’un des cartels de l’exposition – il avait souligné une phrase qui apparait comme une clé : « […] en réalité le corps change de forme à tout instant. Ou plutôt il n’y a pas de forme car la forme est de l’immobile et que la réalité est mouvement. Ce qui est réel est le changement continuel de forme : la forme n’est qu’un instantané pris sur une transition. »
Ces rapports entre corps/ image et forme/mouvement animent le parcours de l’exposition d’un bout à l’autre. Brancusi se donne à voir au travail, il montre ses modèles et repères, ou encore photographie et filme ses sculptures. Ce troisième aspect de son expérience du film et de la photographie déplace la notion figée qui voudrait que la sculpture soit immobile. Ici on le voit expérimenter un nouveau matériau. Pour ainsi dire, il incorpore l’image dans ses œuvres. Mouvements, jeux d’ombres et de lumières créés une vie autre à Léda par exemple. Les images offrent une mise en perspective de l’œuvre ou encore un « commentaire » de l’artiste sur ses sculptures.
L’exposition est accompagnée d’un très beau catalogue qui permet vraiment de poursuivre l’expérience au-delà du musée. Il serait dommage de la louper.
29 juin – 12 septembre 2011
Par Laurence Gossart
Le projet de cette exposition est de montrer un pan particulier de la collection Brancusi du Centre Georges Pompidou. Et c’est une belle réussite. Cette exposition est un petit bijou. On y découvre l’importance de la photographie et du cinéma pour l’artiste et sa façon de s’en emparer. Si l’image comme médium et support de création artistique est majoritairement présente dans cette exposition, il y a aussi une belle place faite aux aspects plus documentaires. On peut voir sur certaines bandes l’artiste dans l’atelier. Brancusi, en filmant ces moments où il est au travail, nous permet de mesurer l’ampleur de la tâche qu’il accomplit, la force déployée, le rapport physique avec la matière qu’il ordonne. La masse à la main, cognant sur un bloc, on éprouve des dizaines d’années après le corps à corps qui se joue entre l’artiste et son œuvre en cours. Il est toujours troublant de constater l’écart entre la brutalité des gestes d’un sculpteur lorsqu’il dégage les formes et la finesse des œuvres qui en résultent.
Le corps dans l’œuvre de Brancusi est l’un des piliers forts. Ainsi, tout un pan de l’exposition est consacré à de superbes images de ses modèles féminins. Une en particulier, Florence Meyer, qui danse, vit, sourit sous l’œil appareillé de Brancusi. Ces images font œuvres. Brancusi ne s’y trompe pas, il observe avec finesse la somptueuse beauté et la grâce des mouvements de cette jeune femme. Elle évolue sur un socle de marbre, sculpture vivante, au milieu des autres sculptures de l’artiste. Brancusi possédait un exemplaire de L’Evolution créatrice de Henri Bergson sur lequel – nous précise-t-on sur l’un des cartels de l’exposition – il avait souligné une phrase qui apparait comme une clé : « […] en réalité le corps change de forme à tout instant. Ou plutôt il n’y a pas de forme car la forme est de l’immobile et que la réalité est mouvement. Ce qui est réel est le changement continuel de forme : la forme n’est qu’un instantané pris sur une transition. »
Ces rapports entre corps/ image et forme/mouvement animent le parcours de l’exposition d’un bout à l’autre. Brancusi se donne à voir au travail, il montre ses modèles et repères, ou encore photographie et filme ses sculptures. Ce troisième aspect de son expérience du film et de la photographie déplace la notion figée qui voudrait que la sculpture soit immobile. Ici on le voit expérimenter un nouveau matériau. Pour ainsi dire, il incorpore l’image dans ses œuvres. Mouvements, jeux d’ombres et de lumières créés une vie autre à Léda par exemple. Les images offrent une mise en perspective de l’œuvre ou encore un « commentaire » de l’artiste sur ses sculptures.
L’exposition est accompagnée d’un très beau catalogue qui permet vraiment de poursuivre l’expérience au-delà du musée. Il serait dommage de la louper.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire